France : ce que la loi immigration va changer pour les étudiants sénégalais, combien un étudiant étranger devra-t-il payer pour étudier en France ?

by amadou

Les étudiants étrangers devront payer une caution « de retour » en venant s’installer en France pour leurs études. Dans plusieurs pays européens dont la France, il faut déjà justifier d’une certaine somme sur son compte bancaire afin d’obtenir un visa d’études.

L’annonce a provoqué un tollé dans le monde de l’enseignement supérieur. Le projet de loi sur l’immigration, voté mardi soir à l’Assemblée, instaure la majoration des frais de scolarité pour les étrangers issus de pays extracommunautaires, la mise en place de quotas pluriannuels ou le versement d’une caution de retour, qui leur sera restituée lorsqu’ils quitteront la France.

Interrogée sur le montant qui sera demandé par la France pour cette caution, Élisabeth Borne a évoqué la possibilité d’une somme de seulement « 10 ou 20 euros », précisant rapidement que la somme sera « renvoyée à un texte réglementaire ». « La question qui peut se poser pour une caution fixée par décret est qu’aujourd’hui un gouvernement peut décider qu’elle soit modique » et un autre pourra « décider qu’elle soit à 12 000 ou 13 000 euros », a reproché Dean Lewis, président de l’université de Bordeaux.

Pour venir en France, la réglementation actuelle stipule qu’un étudiant étranger hors-UE doit disposer d’au moins 615 euros par mois, soit plus de 7 000 euros par an sur son compte bancaire, sauf exceptions (convention particulière, bourse du gouvernement français, accord de réciprocité entre le pays d’origine et la France…). Cette somme n’est pas à proprement parler une caution, mais un courrier bancaire transmis aux autorités et qui atteste que l’étudiant dispose des ressources nécessaires.

Pour s’inscrire à un cursus public en France, les étudiants extracommunautaires doivent par ailleurs s’acquitter de frais d’inscription plus élevés que les étudiants français, à savoir 2 770 euros pour une licence et 3 770 euros pour un master, contre 170 et 243 euros pour les Français et Européens. Comment s’organise l’accueil des étudiants étrangers chez nos voisins, alors que l’Europe demeure la première région d’accueil des mobilités étudiantes ?

Allemagne
L’Allemagne est le pays européen qui accueille le plus d’étudiants étrangers. Pour obtenir un visa d’études outre-Rhin, les étudiants internationaux (hors-UE) doivent justifier d’un compte bloqué à 11 208 euros par an au minimum, comme l’a affirmé Élisabeth Borne ce mercredi matin pour défendre la mesure votée. Il est toutefois possible d’éviter cette charge, si une personne vivant en Allemagne se porte financièrement garante de l’étudiant, via une déclaration de prise en charge.

Le coût des études est assez faible en Allemagne, puisque de nombreux cursus sont gratuits. Et cette absence de frais de scolarité s’applique aussi aux étudiants étrangers. Certaines universités demandent toutefois des frais d’inscription, assez raisonnables, qui vont de 50 à 500 euros par semestre.

Royaume-Uni
Depuis 2021, Brexit oblige, il n’est plus possible de venir étudier au Royaume-Uni sans visa. Et les conditions sont les mêmes pour les étudiants européens comme hors-UE. Pour obtenir le sésame, il faut s’acquitter d’une somme de 363 livres sterling, soit environ 423 euros. Et justifier de « ressources financières suffisantes pour la période de votre cursus ». Toutefois, pas besoin de visa en cas de séjour inférieur à six mois.

Les frais d’inscription dans les établissements sont en revanche particulièrement élevés. Ils varient en fonction du niveau d’études comme de l’université, mais s’élèvent en général à 13 000 livres sterling (15 000 euros) par an, et peuvent grimper jusqu’à 30 000 livres sterling (33 000 euros). Les étudiants étrangers doivent également s’acquitter d’une assurance santé, qui s’élève à 470 livres sterling par an, soit 515 euros.

Espagne
L’Espagne est une autre destination privilégiée par les étudiants internationaux. Pour obtenir un visa, ces derniers doivent prouver qu’ils disposent de 600 euros sur leur compte bancaire, pour chaque mois d’étude. Si l’étudiant postule pour un programme d’étude de six mois par exemple, il devra attester qu’il possède 3 600 euros au moment de la demande de visa.

Cette garantie financière peut être revue à la baisse si l’étudiant dispose d’un logement réservé pour toute la durée des études. Pour s’exonérer de cette garantie bancaire, il est possible que les parents de l’étudiant (ou ses tuteurs légaux) se portent financièrement garants de ce dernier. Concernant les frais d’inscription dans une université publique, le coût diffère selon les régions et se situe entre 750 et 2 100 euros pour une année.

Italie
Les étudiants internationaux souhaitant s’installer en Italie pour une durée supérieure à 90 jours doivent obtenir un visa d’études. Pour cela, il leur sera également nécessaire de prouver qu’ils disposent de moyens financiers suffisants pour subvenir à leurs besoins, à savoir entre 450 et 515 euros mensuels. Pour réaliser un cursus dans une université publique en Italie, un étudiant international doit par ailleurs s’acquitter d’une somme comprise entre 900 et 8 000 euros pour une année.

Suite au vote, mardi soir à l’Assemblée, de la loi immigration, les présidents d’une vingtaine de grandes universités, comme les dirigeants de trois grandes écoles de commerce, ont dénoncé les dispositions prévues pour les étudiants étrangers dans la dernière version du texte. Dont le dépôt d’une caution pour les étrangers demandant un titre de séjour étudiant, et la majoration des frais de scolarité pour les étrangers issus de pays extracommunautaires.

leparisien

L’Assemblée nationale française a adopté, ce mercredi 20 décembre, la loi immigration. Le texte durcit les conditions d’entrée et de séjour en France des étrangers hors Union européenne. Il sonne par exemple l’instauration de quotas migratoires et de restrictions sur l’aide médicale d’État pour les sans-papiers, et le durcissement des conditions du regroupement familial, entre autres.

La nouvelle loi immigration française comporte un chapitre sur les étudiants étrangers issus de pays non-membres de l’Union européenne. Pour obtenir leur première carte de séjour, ils devront auparavant verser une caution. «Cela consiste à déposer sur un compte bloqué une somme visant à couvrir d’éventuels frais d’éloignement et qui pourra être restituée lors d’un retour volontaire», détaille L’Observateur qui s’est intéressé au sujet dans son édition de ce jeudi.

Le journal du Groupe futurs médias signale dans L’Obs que le montant de la caution sera fixé par décret. Chercheur à l’université OsloMet en Norvège, le journaliste Samba Dialimpa Badji croit savoir que cette disposition ne va pas «changer les attitudes des gens». Il ajoute : «Je ne pense pas que mettre plus de difficultés aux gens qui veulent aller étudier en France, soit une solution aux problèmes qu’on cherche à régler.» 

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