A bord d’un taxi-clando: Abdou Aziz Diakhaté et Galaye Cissé conduisaient leur clientèle féminine vers Technopôle, les violaient puis les agressaient

by amadou

Abdou Aziz Diakhaté et Galaye Cissé, malgré leur appel, risquent de rester en prison durant plusieurs années. Car, le Parquet général de la Chambre criminelle a respectivement requis hier contre eux 20 ans et 10 de réclusion criminelle. Leur sont reprochés des faits d’association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec usage d’arme et moyen de locomotion et violence, recel et viol.


À l’issue du jugement intervenu le 21 janvier 2020 et qui les a condamnés respectivement à la réclusion criminelle à perpétuité et à 10 ans, Abdou Aziz Diakhaté, chauffeur de taxi-clando et son acolyte Galaye Cissé ont interjeté appel. Ainsi, plus de 18 mois après leur condamnation en première instance, ce n’est que ce mardi qu’ils ont été rejugés devant la Chambre criminelle de Dakar pour des faits d’association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec usage d’arme et moyen de locomotion et violences, recel et viol. Toutefois, ces accusés qui souhaiteraient voir une baisse de peine ou un acquittement pur et simple, ont été déçus, car le Parquet général a partiellement demandé infirmation de la décision des premiers juges. En effet, le représentant de la société a requis 20 ans de réclusion criminelle contre Abdou Aziz Diakhaté et 10 ans contre Galaye Cissé.


Ils ont fait 10 victimes qu’ils ont agressé et violé


Sur ces crimes pour lesquels ils ont été renvoyés devant cette juridiction, il est ressorti du document de l’accusation que les faits remontent au courant de l’année 2015. Ainsi, ces individus, après avoir embarqué à bord d’un taxi clando leur clientèle féminine qui sollicitait leur service, au lieu de mener à bon port ces dames, les conduisaient vers le Technopôle où ils les violaient puis les agressaient. Opérant ainsi, ces malfrats avaient réussi à agresser une dizaine de personnes. Cependant, Abdou Aziz et Galaye ont été finalement interpellés par les éléments du commissariat central de Guédiawaye, puisque l’un des portables d’une de leurs victimes a été trouvé entre les mains d’un receleur.


Ndèye Ngoné Pène : «N’arrivant pas à me pénétrer, car j’étais vierge, il a introduit le couteau dans mon vagin»



Hier, face au juge, seules 3 parmi leurs 10 victimes ont comparu. Ces dernières ont formellement identifié Abdou Aziz comme étant celui qui les a attaquées et agressées sexuellement. La victime Ndèye Ngoné Pène n’a pas seulement été dépouillée de ses biens, mais c’est un couteau qu’elle s’est vu fourrer dans son sexe lorsqu’Abdou Aziz Diakhaté a tenté de la pénétrer lors de ce viol, puisqu’elle était vierge. Ainsi, elle a conté son malheur en sanglotant à la barre. «Ce jour-là, je devais aller à Touba et j’avais pris le clando pour me rendre à Golf afin de prendre le bus « horaire ». Lorsque j’ai remarqué que le chauffeur avait verrouillé la portière, j’ai sorti 100 F pour descendre, mais le passager de devant a sorti un couteau et m’a demandé de lui donner l’argent, arrivés à Technopole. J’avais des bijoux et de l’argent. Le conducteur a ouvert la porte du coffre arrière du véhicule, il m’a forcée à me déshabiller et il a tenté de me violer en me menaçant de mort. N’arrivant pas à me pénétrer, car j’étais vierge, il m’a traînée dans les buissons et a introduit le couteau dans mon vagin», dit-elle.


Abdou Aziz Diakhaté assume certaines agressions, en nie d’autres et lave son acolyte



Les nommées Yakhana Diop et Madjiguène Tall ont elles aussi donné leurs versions des faits. Et même si l’accusé principal Abdou Aziz Diakhaté a en partie nié les faits, il a tout de même essayé de tirer d’affaire son acolyte Galaye Cissé. «J’ai été l’auteur de deux agressions que j’ai commises seul. Quant à Galaye, c’est lui qui m’a présenté le receleur Saliou Diop à qui j’ai vendu les téléphones volés», a-t-il expliqué. Leurs avocats ayant sollicité leur acquittement pur, le Parquet général a pris leur contre-pied en demandant qu’ils soient maintenus dans les liens de la détention, suite à la confirmation partielle des peines requises. «La version servie par Abdou Aziz est loin d’être raisonnable. Abdou Aziz Diakhaté a été identifié dans le cabinet du juge d’instruction par toutes les personnes qui ont été victimes d’agression, sans exception. Aujourd’hui, il dit qu’il n’a pas commis ces agressions. Donc je me demande par quel hasard cette pluralité de victimes qui ont fait l’objet d’agression dans des intervalles de temps différents, en des lieux différents, sans aucune concertation préalable, se mettent simultanément et sans réserve à le désigner comme l’auteur de ces crimes. Si on est en dehors du domaine de la raison, je dirai que c’est possible», a relevé le représentant de la société.

Me Ciré Clédor Ly : «On ne peut pas imaginer un acte aussi cruel que de mettre un couteau dans le vagin d’une femme»


Me Ciré Clédor Ly, qui a assuré la défense des intérêts des trois victimes, a clairement indiqué au parquet qu’il n’était pas d’accord avec lui concernant ses réquisitions. De ce fait, pour manifester son mécontentement, la robe noire de renchérir : «les avocats de la défense vous demandent d’aller voir entre les lignes et les paroles pour être clément, alors que leurs clients sont allés voir entre les jambes des filles. Nous n’avons pas besoin de compassion. Ce dont nous avons besoin, c’est de la réparation. Ces victimes seront traumatisées à vie. On ne peut pas imaginer un acte aussi cruel que de mettre un couteau dans le vagin d’une femme. Aujourd’hui, ces filles auraient préféré mille fois être dans une tombe que de vivre à nouveau les sévices que leur ont fait vivre les accusés». Délibéré le 29 septembre prochain.


Fatou D. DIONE

 LES ECHOS

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