Sommet Afrique-USA : Donald Trump invite Diomaye Faye à Washington

« Trump va certainement voir d’abord l’intérêt sur cette coopération stratégique par rapport aux ressources minières et autres. » Babacar Diagne, ancien ambassadeur du Senegal à Washington.

by amadou

Précédemment ambassadeur du Sénégal à Washington, Babacar Diagne estime que la nouvelle administration américaine sous Donald Trump a changé sa perception sur l’Afrique. Mieux, elle affiche désormais une volonté de nouer des partenariats gagnant-gagnant avec tout le monde.

« Il y a un changement de paradigme avec la nouvelle administration américaine. Ce n’est plus comme avant avec les Démocrates. Il y avait deux points forts chez les Démocrates, c’est la réduction de la pauvreté et les questions de développement, avec l’AGOA et les autres initiatives. Tout cela est fini. Maintenant, ce sont les questions de commerce, les questions de sécurité avec l’administration Trump » dit-il.

Lors de son premier mandat à la tête des Etats-unis, le président Trump n’avait reçu que deux chefs d’Etat africains, ceux du Nigeria et de l’Afrique du Sud.

Qu’est-ce qui a fait changer Trump d’orientation ? Certainement une compétition plus accrue vers les ressources prisées du continent où la Chine, la Russie et dans une moindre mesure, la Turquie et le Qatar sont en train de se positionner.

« Le commerce pur et dur. C’est du donnant donnant, gagnant, gagnant. On l’a vu avec l’Ukraine. Vous signez l’accord sur les minerais et vous nous aurez à vos cotés, sinon, vous oubliez tout » explique le diplomate sénégalais Babacar Diagne, qui fait remarquer que « tous ces pays disposent d’importants minerais : de l’or, du pétrole, du manganèse, du gaz, du bois, du zircon, le Sénégal, la Mauritanie, le Gabon, en particulier. »

« Trump va certainement voir d’abord l’intérêt sur cette coopération stratégique par rapport aux ressources minières et autres » dit-il tout en précisant que « les questions de sécurité » pourraient figurer sur l’agenda car « le terrorisme maritime au niveau du Golf de Guinée, est devenu une question extrêmement importante ».

A la tête de West African Research Center (WARC), Ousmane Sene, est d’avis que derrière le choix des cinq Chefs d’Etats africains, se cache une volonté de Donald Trump d’accéder aux ressources minières dont disposent ces pays.

« N’oubliez pas que le Gabon est le premier producteur mondial de manganèse. Il y a d’autres minerais dont l’industrie américaine a besoin, depuis l’uranium jusqu’à la bauxite et d’autres minerais. Il y a le fait aussi que beaucoup de ces pays sont producteurs de pétrole et de gaz ».

Cependant, même si elle n’est pas mise en avant dans les commentaires sur cette rencontre inédite, Ousmane Sene pense que la question de la migration sera au centre des discussions. « N’oublions pas qu’entre 2023 et 2025, il y a eu pas moins de 20 mille jeunes mauritaniens qui sont partis aux États Unis via le Nicaragua et des centaines de jeunes sénégalais » tient-il à souligner avant de dire que « tous ces pays sont aussi des points de départ de l’émigration clandestine ».

« Ça c’est un point extrêmement important dans sa (Donald Trump) politique migratoire et tous les jours les gens sont refoulés vers les frontières et on parle du Soudan du Sud pour accueillir des migrants refoulés. Il en est de même de la lutte contre la drogue en Afrique de l’Ouest » estime Ousmane Sene.

Défendre ses intérêts face à Trump
L’ancien ambassadeur du Sénégal à Washington pense que les États africains choisis devraient en profiter pour obtenir un assouplissement des expulsions de leurs ressortissants.  » Nous avons une jeunesse massive, une population jeune, la moyenne d’âge et 18-19 ans, il y a beaucoup de chômage. Et ces jeunes qui partent, partent pour sauver des familles, nourrir des familles. Les diasporas de ces pays rapportent beaucoup » dit Babacar Diagne.

En tout état de cause, la rencontre entre les cinq Chefs d’États africains et Donald Trump donne l’occasion aux dirigeants africains de poser sur la table la question des tarifs douaniers, déclare de son côté Nicaise Mouloumbi.

« J’espère que la question des tarifs douaniers trouvera une réponse » lance -t-il, invitant les présidents africains à « défendre les intérêts de leurs peuples ».

« Ces États devraient être vigilants, leur société civile devrait être vigilante pour qu’on n’impose pas à ces États, des choses au détriment des peuples. C’est aux pays africains invités de savoir ce qu’ils veulent. C’est bien d’être invités par Donald Trump mais ce n’est pas une raison d’aller vendre nos pays au premier prix » avertit-il.

bbc.com

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