Ibrahima Seck, un jeune garçon de 14 ans d’origine sénégalaise, a été tué vendredi dernier dans une violente agression au couteau survenue dans le quartier de Nevin Road, à New Moston, dans le nord de Manchester (Angleterre). Sa mère est revenue sur ce drame.
« Dimanche dernier, à mon réveil, on m’a informée qu’une dame toquait à la porte. C’était la mère d’un ami de mes enfants, un certain Freedom, de nationalité nigériane. Elle m’a dit qu’elle était venue chercher son fils (Freedom), qui avait passé la nuit chez moi. Ce que mon mari et moi ignorions totalement. Alors que je m’entretenais avec elle, la police nous a rejointes. C’est à ce moment que j’ai compris que Freedom s’était discrètement réfugié chez nous, craignant des représailles d’une bande de jeunes du quartier Moston.
Quelques heures après cet incident, aux environs de 16 heures, mon mari m’a informée que nos enfants, qui avaient reçu la visite d’un ami, Clinton — un garçon correct qui passe souvent ses journées chez nous — souhaitaient le raccompagner à l’arrêt de bus, situé à environ 100 mètres. Une fois sur les lieux, les garçons ont été attaqués par cette même bande de jeunes, dirigée par un certain Donteh, accompagné notamment de Gostan.
D’après les informations que j’ai reçues, Donteh et ses acolytes avaient appris que Freedom, qu’ils recherchaient depuis la veille, s’était caché chez nous. Ils s’en sont alors pris à mes enfants. Au cours de la bagarre, l’un des assaillants a tendu un couteau à Donteh. Ce fut la débandade. À la vue de l’arme blanche, tous ont tenté de fuir. Ibrahima, qui n’était pourtant pas impliqué dans cette bagarre, a également pris la fuite. Asthmatique, il a traversé la route, cherchant à se réfugier dans un réceptif hôtelier voisin, le “Fairway Inn”. Malheureusement, il a trébuché et est lourdement tombé. Donteh, qui était à vélo, l’a rattrapé et l’a poignardé à la poitrine avant de prendre la fuite.
Ses frères sont venus à son secours. Ibrahima, qui se vidait de son sang, a eu la force de dire à l’un d’eux : “Oh mon Dieu, il m’a poignardé.” Il a titubé jusqu’à la devanture d’une maison voisine pour chercher de l’aide, puis s’est effondré. Une dame est alors venue à son chevet et Ibrahima lui a dit : “Je ne veux pas mourir”, avant de perdre connaissance.
Il a été évacué d’urgence par hélicoptère-ambulance vers les services des urgences de la Royal Infirmary de Manchester. Avant cette évacuation, mon mari, qui avait aperçu les gyrophares de la police, m’a dit : “Il me semble qu’il se passe quelque chose dans le coin, je vais voir.” Quelques instants plus tard, mon autre fils, Bécaye, est venu en courant pour m’annoncer : “Maman, ils ont poignardé Ibrahima.” J’ai cru que le ciel allait me tomber dessus. Je me suis précipitée vers la scène du crime, mais je n’ai pu voir mon fils. Les policiers m’ont interceptée. L’instant d’après, je me suis évanouie », a raconté Aïcha Ba, dans des propos recueillis par L’Observateur.
Vers le rapatriement du corps de Ibrahima Seck
« L’ambassadeur du Sénégal nous a assurés que toutes les dispositions seraient prises par l’État du Sénégal pour permettre à la famille de rapatrier le corps du défunt. Mon mari et moi ne réclamons qu’une chose : que toute la lumière soit faite sur ce crime afin que justice soit rendue à notre fils. Selon les informations relayées par L’Observateur, la police britannique aurait arrêté le présumé meurtrier, Donteh, ainsi que sa sœur et leur mère. »
« De ce que je sais, mon fils, Ibrahima Seck, avait eu un différend avec une certaine Precious, une fillette d’origine nigériane. Il y a environ deux mois, après une première altercation entre eux, la police avait débarqué chez nous, dans le quartier de New Moston, pour nous informer de cette bagarre. Ibrahima avait expliqué que leur dispute avait dégénéré parce que Precious exigeait qu’il lui présente des excuses… à genoux, ce qu’il a refusé.
Pour tirer cela au clair, j’avais porté plainte et la police avait ouvert une enquête. Les choses étaient ensuite revenues à la normale. Mais visiblement, Precious, qui n’avait pas lâché prise, est revenue à la charge quelques semaines plus tard. Elle avait alors fait appel à un groupe de jeunes de son quartier, Moston. Cette fois, ils ont attaqué Ibrahima dans un bus, provoquant une violente bagarre.
Ibrahima a eu le bon réflexe d’appeler ses frères au téléphone, qui sont venus à son secours et l’ont raccompagné à la maison. Peu de temps après, en rentrant du travail, mon mari m’a informée que Precious et un groupe de garçons étaient venus devant notre maison, cherchant à s’en prendre à Ibrahima. Elle exigeait toujours des excuses à genoux.
J’ai immédiatement avisé la police, leur signalant les conséquences dramatiques que pourraient entraîner ces comportements répétés. La police a alors procédé à l’arrestation de Precious, qui a été présentée au magistrat en charge du dossier. Ses parents ont ensuite payé une caution, ce qui lui a permis d’être libérée sous condition : elle ne devait plus s’approcher de notre domicile, un périmètre lui étant interdit.
Mieux encore, la police a installé des caméras de surveillance devant notre maison. Pourtant, environ une semaine après cet incident, j’ai entendu un vacarme dehors. Quand je suis sortie voir, j’ai constaté qu’il s’agissait encore de Precious et de sa bande. J’ai alerté la police, qui a interpellé l’un des agresseurs et l’a conduit au commissariat.
Face à cette escalade de violence, mon mari et moi avons saisi les autorités policières pour exprimer notre inquiétude. Nous leur avons demandé de prendre leurs responsabilités afin de garantir la sécurité de nos enfants, sans quoi nous serions contraints de quitter le quartier de New Moston, devenu trop dangereux. Nous avons entamé des démarches pour obtenir un logement social. Il ne nous manquait qu’un document, que la police devait nous délivrer », a conclu Aïcha Ba dans les colonnes de L’Observateur.