Ce qui devait être une collaboration artistique s’est mué en tentative d’assassinat préméditée. À Guédiawaye, un jeune apprenti décorateur, rongé par la colère et la rancœur, a poignardé son ancien patron au visage, à la tête et à la nuque. L’attaque, survenue le soir de la Saint-Valentin, avait été annoncée la veille sur les réseaux sociaux. Le récit glaçant d’une dérive meurtrière, révélé par L’Observateur.
Tout avait commencé sous de bons auspices. Pape Assane Diop, 20 ans, passionné de décoration et jeune talent débordant de rêves, avait été recruté par El Hadji Diallo, décorateur d’événements, pour l’assister dans ses prestations à Guédiawaye. Une relation fraternelle semblait naître entre les deux, tissée de confiance, de projets communs et d’ambitions partagées.
Mais ce lien s’est progressivement délité lorsque El Hadji Diallo, lassé de l’absentéisme répété de ses apprentis Pape Assane et Ibrahima Faye, décide de faire appel à un autre jeune, Serigne Saliou. Une décision perçue comme une trahison par Pape Assane, qui va rapidement se laisser ronger par la rancœur.
Une menace virtuelle devenue réalité sanglante
Le 13 février 2023, la tension bascule. Sur son statut WhatsApp, Pape Assane publie un message glaçant : «Aujourd’hui, je vais commettre un crime.» Quelques heures plus tard, il envoie un message vocal à son ancien patron : «Si on se rencontre, je vais te tuer.» Des propos qui ne laissaient guère de place au doute.
Le lendemain, le 14 février, jour de la Saint-Valentin, vers 20h, El Hadji Diallo croise son ancien apprenti au marché, alors qu’il s’y rendait avec sa sœur. Une première altercation verbale éclate. Mais c’est au second passage que l’irréparable se produit. Après une nouvelle interpellation musclée au sujet d’un prétendu dû non payé, Pape Assane sort un couteau dissimulé dans un sac et poignarde violemment son ex-patron.
Trois coups, portés à des zones vitales : la tête, la joue et la nuque. L’arme se brise sous la violence des impacts. Malgré ses blessures graves, El Hadji Diallo parvient à résister et à alerter les secours. Un certificat médical lui octroiera 21 jours d’incapacité temporaire, avec des plaies situées sur des zones critiques, laissant penser à une intention de tuer.
Une attaque préméditée selon les enquêteurs
Interpellé le soir même à Djida Thiaroye par la Brigade de recherches du commissariat de Guédiawaye, Pape Assane Diop reconnaît immédiatement les faits. Il justifie son acte par un sentiment de trahison et d’humiliation, évoquant un licenciement brutal, l’abandon d’un projet commun, et une promesse non tenue d’un investissement de 700 000 F CFA.
Face au juge d’instruction, il tente néanmoins de minimiser sa responsabilité, affirmant avoir été agressé en premier, et qualifiant son message WhatsApp de «blague à un ami». Une ligne de défense peu crédible selon le parquet, qui pointe une série d’indices accablants : les messages menaçants, la localisation ciblée des coups, l’arme blanche emportée pour dissimuler les preuves, et surtout l’absence de provocation immédiate.
Procès, pardon… et prison ferme ?
À la barre, la victime, El Hadji Diallo, fait montre d’un courage inattendu : il pardonne publiquement à son agresseur. Mais le Procureur reste ferme : «L’intention homicide est établie par un ensemble d’éléments concordants.» Il requiert cinq ans de prison ferme, tout en tenant compte de l’âge, du parcours et des remords de l’accusé.
L’avocat de la défense, lui, plaide la jeunesse, l’impulsivité et la passion déçue d’un garçon blessé dans son ego et abandonné par son mentor. Il demande la requalification des faits en coups et blessures volontaires.
La sentence sera rendue le 9 août 2025
DAKARACTU