Aïssata : « Il a déchiré mon slip, m’a violée (…) J’étais vierge, j’ai perdu du sang. »

by amadou

C’est une rocambolesque affaire de viol qui a été vidée ce 20 avril, devant la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Le procès qui a duré plusieurs tours d’horloge, a opposé la jeune fille, Aïssata B, dans cette à Youssoupha N.

Les faits remontent à la nuit du 21 au 22 décembre 2018 et se seraient déroulés à hauteur de Diamniadio où la victime, Aïssata, a confié avoir été violé par trois (3) individus dont le mis en cause Youssoupha N., attrait devant la barre de la chambre criminelle pour être jugé des délits d’association de malfaiteurs, d’enlèvement de mineure, de viol collectif et de pédophilie.

Face au juge, la plaignante âgée de 15 ans, a expliqué que deux (2) individus, sous la menace d’armes, l’ont contrainte, nuitamment, à entrer dans un véhicule que conduisait le chauffeur de taxi clando, Youssoupha N. pour l’amener de force au milieu de nulle part avant d’abuser d’elle à tour de rôle. C’est en présence de son père Mamadou W. B. que la victime a témoigné.

« Ils m’ont kidnappée alors que je venais de descendre d’un bus dans lequel j’écoulais mes produits. C’est à ma descente du bus qu’un véhicule s’est garé juste à mes pieds. Des individus sont sortis pour me prendre de force, c’était vers 3h du matin. Dans le véhicule, l’un d’eux a pris mon foulard pour me bander la bouche. Ils étaient armés de couteau et d’armes à feu. C’est lui Youssoupha qui a déchiré mon slip avant de me violer. Je le reconnais », a relaté devant la barre la victime, Aïssata.

« Dans le véhicule, j’ai essayé de me débattre en vain. Les 2 individus qui m’avaient pris sur les sièges arrières ont tenté de me violer mais ils disaient eux-mêmes que c’était impossible car je résistais avec force, c’est ainsi que le conducteur Youssoupha les a taxés d’incapables avant d’arrêter le véhicule pour venir me trouver derrière. Il s’est jeté sur moi et m’a pénétrée avant que je ne perde conscience dans le véhicule. J’ai connu l’accusé ce jour. Il est descendu pour aider les autres avant de déchirer ma jupe. J’ai perdu connaissance lorqu’il est monté sur moi. J’étais vierge, j’ai perdu du sang », a-t-elle poursuivi les larmes aux yeux.

Pour sa part, le prévenu dément et livre sa version des faits.
« Je suis chauffeur de taxi clando. C’est le nommé Ousmane qui a demandé mes services pour une course. Je devais le retrouver à la station de Diamniadio pour rallier Toubab Dialaw. Il était accompagné d’un autre client. En cours de route, ils se sont arrêtés au bar Colombia pendant un moment, je croyais d’ailleurs qu’ils cherchaient de la monnaie pour me payer la course. C’est après qu’ils sont revenus avec une fille qu’ils forçaient à partir avec eux », a déclaré Youssoupha N. avant de poursuivre sur les accusations de viol.

« Je ne l’ai jamais violée. J’avais jeûné, ce jour. Elle ne dit pas la vérité quand elle dit que j’ai été le premier à se lancer sur elle », a-t-il dit.

« Pourquoi vous avez alors fui lorsque les gendarmes ont intervenu ? », lui demande le juge.

Le mis en cause a répondu fuir pour échapper à la correction des gendarmes.
« J’ai pris la suite lorsque les gendarmes sont intervenus pour aller raconter la scène au proprio du véhicule qui ne m’appartient pas. J’ai pris la fuite parce que les gendarmes brutalisaient les autres lorsqu’ils sont intervenus », a dit Youssoupha qui soutient avoir été menacé par ses clients.

« C’est sur le chemin du retour de Toubab Dialaw que les faits se sont déroulés. Lorsque mes clients ont pris la fille de force, l’un a brandi une machette et m’a menacé de mort. Le premier était assis au siège avant, l’autre au siège de derrière tenant la fille. Je ne pouvais pas fuir parce que le véhicule ne m’appartient pas. Je ne connaissais que Ousmane parmi les 2 », s’est-il justifié.

Témoin des faits d’enlèvement, Mamadou D. D. a vainement poursuivi le véhicule mais par chance a réussi à relever le numéro d’immatriculation qu’il a remis aux gendarmes, ces derniers ont aussitôt entamé les recherches.

Aïssata a été secourue dans la nuit par les hommes en uniforme qui l’ont référée à un médecin. Celui-ci lui délivrera un certificat médical confirmant la défloraison de son hymen. Dans ses conclusions, il relèvera également la présence de traces de sperme sur la culotte de la jeune victime.

Le procureur général a requis 20 ans de réclusion criminelle contre le mis en cause.

La défense pour sa part, a relevé le manque de chance de son client qui comparaît dans une affaire qui incrimine deux (2) autres individus absents du procès.
« Ce n’est pas juste. Cette enquête n’est pas exhaustive. Il y’a anguille sous roche, il y’a des zones d’ombre, il y’a du mensonge. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de viol, mais il n’a pas été démontré que mon client a violé », a déclaré un des conseils du prévenu. Selon les avocats de Youssoupha, une seule charge pèse sur leur client, il s’agit du délit de non assistance à une personne en danger. La défense qui a tant bien que mal tenu à démonter les autres chefs d’accusation, a plaidé l’acquittement de son client au bénéfice du doute.

L’affaire est mise en délibéré au 18 mai…

Dakaractu

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